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Interviews, vidéos et articles invitésPublié le 2 septembre 2024

Tel un gladiateur dans l’arène: Joel Schürch, qui pratique l’aviron et étudie à la HEFSM, revient sur les Jeux olympiques de Paris

Joel Schürch est un habitué des Jeux olympiques. Il y a déjà participé à trois reprises: en 2016 à Rio (en tant que remplaçant), en 2021 à Tokyo et en 2024 à Paris, en quatre sans barreur. Ce lucernois de 29 ans, qui s’entraîne au Seeclub de Sursee, est revenu avec nous sur sa dernière expérience olympique.

Vous (Patrick Brunner, Tim Roth, Kai Schätzle et toi) vous êtes qualifiés sur le tard pour les Jeux olympiques de Paris. Comment s’est passée votre préparation?

Nous ne nous sommes qualifiés qu’en mai en terminant deuxièmes de la régate qualificative à Lucerne. La préparation s’est ensuite bien déroulée. Nous nous sentions prêts le jour J.
C’est avant que les choses ont été plus difficiles, nous avons fait face à des blessures et des maladies à répétition. J’ai moi-même eu une inflammation de l’arc costal, une blessure typique de l’aviron.

La sélection pour les Jeux olympiques est très exigeante, car peu de bateaux peuvent se qualifier par discipline. Es-tu satisfait du classement final?

Se qualifier signifie que l’on fait partie du top 10 de la catégorie de bateaux. Nous visions la sixième place et ne sommes donc pas entièrement satisfaits de notre 9e rang. Mais il faut aussi relever que je suis le plus âgé de l’équipage. Les autres sont plus jeunes et participaient pour la première fois à des Jeux olympiques. C’est très différent d’un championnat du monde, d’une toute autre dimension. Vu comme cela, cette 9e place est correcte.

Vous avez commencé chaque manche avec une cadence plus élevée que vos concurrents. Pour quelle raison, quelle était votre tactique?

Nous aimons avoir une cadence élevée, cela nous donne le sentiment d’avoir un meilleur rythme. Nous voulions être en tête dès le départ. Les premiers 1500 m étaient bons, les derniers 500 un peu moins. Nous ne sommes pas parvenus à donner un dernier coup de rein à la fin.

Tu es assis à la poupe, c’est-à-dire tout à l’arrière du bateau. Quelles sont tes tâches?

Chaque personne dans le bateau assume une tâche spécifique: je suis le technicien. Tim Roth est assis devant moi. Il est la «salle des machines». Il est grand, lourd, a une super condition physique et assure la poussée et la puissance. Vient ensuite Patrick Brunner. En tant que «deuxième batteur», il doit suivre la cadence du batteur et est responsable du rythme. Kai Schätzle est assis tout devant: il est à la fois timonier et batteur. Il dirige le bateau sur l’eau à l’aide du gouvernail et donne le rythme et le nombre de battements.

Tu as déjà participé aux Jeux olympiques de Rio et de Tokyo. Qu’est-ce qui était différent cette fois-ci?

À Rio, j’étais remplaçant avec le quatre sans barreur (poids léger, jusqu’à 70 kg). Comme cette catégorie de bateaux a ensuite été retirée du programme olympique, je suis passé à la catégorie des poids lourds. C’est dans cette catégorie que je me suis qualifié pour Tokyo. Ces Jeux étaient très spéciaux car on s’est longtemps demandé s’ils auraient lieu. Ce fut bien le cas, en 2021, avec un an de retard. Ils m’ont laissé un goût doux-amer, il n’y avait pas de public, la peur d’attraper le coronavirus et de ne pas pouvoir s’aligner au départ était énorme. Nous devions faire des autotests tous les jours et attendre le résultat pour savoir si nous pouvions concourir. Puis nous avons dû rentrer chez nous 48 heures après la compétition. Je n’ai donc rien vu de Tokyo. C’était très différent à Paris. Lors des compétitions, on se sentait comme un gladiateur dans l’arène devant des milliers de spectateurs!

Qu’as-tu pensé du village olympique?

Les villages olympiques se ressemblent tous. La cafétéria est immense et ouverte 24h sur 24, et l’offre est incroyable. Mais nous n’avons réellement pu en profiter qu’après la compétition.
Au village olympique, il se passe toujours quelque chose, c’est super mais c’est aussi une source de distraction. Il y avait de tout, même un salon de tatouage! Avec toutes ces attractions, on perd parfois un peu de vue les compétitions. C’est là que l’expérience des précédents Jeux peut s’avérer précieuse.
En général, l’ambiance dans le village olympique était très paisible, il n’y a pas eu de disputes. Cela ne va pas forcément de soi au vu des conflits qui ont lieu à travers le monde. C’est tout simplement génial de rencontrer d’autres athlètes qui ont le même état d’esprit.
Swiss Olympic demande aux athlètes de quitter le village olympique 48 heures après la compétition. C’est normal, car ceux qui ont terminé leur compétition et qui veulent faire la fête ne doivent pas déranger les autres.

Qu’est-ce qui t’a le plus plu à Paris?

Outre ma compétition, j’ai particulièrement apprécié que les athlètes accrédités puissent commander des billets gratuits pour les autres compétitions. Nous avons ainsi pu soutenir d’autres athlètes suisses sur place dans les stades (beachvolley, athlétisme, lutte). C’était une expérience incroyable!