«La fragilité du moment me fascine»
Louis Heyer est scientifique de l'entraînement à la Haute école fédérale de sport de Macolin HEFSM et entraîneur en chef de course à pied à la fédération d'athlétisme Swiss Athletics. Aux Jeux olympiques, il encadrera des athlètes qui concourront sur des distances moyennes. Dans l'interview, il raconte les défis d'un tel grand événement.
Louis, tu vas te rendre à Paris en tant qu'entraîneur en chef de course pour Swiss Athletics. Quand pars-tu?
Avant les Jeux olympiques, la question se pose toujours de savoir si nous devons déjà arriver pour la cérémonie d'ouverture ou si nous préférons arriver un peu plus tard. La cérémonie est importante sur le plan émotionnel, mais nous devons également tenir compte de considérations sportives. Nous arriverons dès le 25 juillet pour découvrir auparavant le village olympique. C'est un site immense, plein de possibilités et de gens. C'est passionnant, mais aussi très fatigant et cela demande beaucoup d'énergie. Si l'on passe trop de temps dans ce lieu, cela nous épuise aussi. Après la cérémonie du 26 juillet, nous nous rendrons donc dans un endroit au nord de Paris pour nous retirer pendant cinq jours et nous préparer aux courses préliminaires.
Comment s'organise ton programme pendant les JO?
Je me lève et je vais manger de délicieux croissants tous les matins (rires). Non, sérieusement : le déroulement de la journée varie beaucoup. Le matin, nous avons souvent des réunions de staff, puis le programme est adapté individuellement aux besoins des athlètes. Surtout quand il fait chaud, nous nous entraînons tôt le matin pour éviter la chaleur. En tant qu'entraîneur en chef pour la course, je coordonne tous les aspects pour les athlètes. Il ne s'agit plus de plans d'entraînement, car pendant les Jeux, on ne peut en fait plus s'entraîner. Il s'agit plutôt du soutien mental dont les athlètes ont besoin pour être au top de leur performance le jour de la compétition. Je passe donc du statut d'entraîneur à celui de coach. Ce qui est également particulier, c'est que je m'occupe d'athlètes qui sont habituellement entraînés par une autre personne. Dans ce cas, je suis en contact étroit avec les coachs à domicile respectifs afin de sentir ce dont la personne que j'encadre a besoin à un moment donné.
Et comment tu peux le sentir?
J'observe très attentivement. Parfois, les athlètes sont constamment en déplacement parce qu'ils rencontrent beaucoup de gens et veulent profiter de chaque seconde. Il m'arrive alors d'envoyer quelqu'un dans sa chambre pour qu'il ou elle puisse se reposer (rires). D'autres, en revanche, se sentent stressés et se replient sur eux-mêmes. J'essaie alors de les encourager: Je les emmène prendre un café ou faire une partie de ping-pong.
Pour toi aussi, cela semble être beaucoup de travail. Comment te prépares-tu personnellement à cette période?
Je prends soin d'arriver bien reposé. J'aborde les semaines à venir avec calme, afin d'arriver à Paris en pleine forme. Sur place, je cherche de petites fenêtres de temps pour me reposer. Que ce soit en me promenant ou en prenant un café en terrasse. Décompresser est également important pour moi afin de pouvoir donner le meilleur de moi-même. Le retour à la maison est aussi toujours un défi pour moi, surtout après une période aussi intense. Il s'agit alors de faire la transition pour revenir au quotidien et à la famille, ce qui n'est pas toujours facile.
À quoi te réjouis-tu le plus dans les semaines à venir?
L'intensité des émotions lors des grands événements sportifs me fascine toujours beaucoup. La fragilité de l'instant, la proximité entre une joie immense et la déception, est unique. Cette densité émotionnelle est pour moi extrêmement passionnante et montre à quel point le sport peut être intense. Car en fin de compte, ce n'est que du sport. C'est un jeu, et il n'est pas tragique qu'une compétition échoue. Alors la vie continue quand même.


