Franz Fischer: l'humain avant tout
Il y a 22 ans, Franz Fischer intégrait à Macolin le projet d'encouragement du sport d'élite de l'armée. Ce n'était là que le début de son aventure à l'OFSPO. Juste avant qu'il ne tourne définitivement la page de son parcours à Macolin, nous avons eu le privilège de le rencontrer pour évoquer avec lui sa carrière à l'OFSPO.
Adolf Ogi et Franz Fischer. Photo: OFSPO
Franz, un mot d'abord sur la situation actuelle en lien avec le coronavirus. Comment vis-tu cette période? As-tu réussi à boucler tes dossiers ces derniers jours?
Franz Fischer: C'est une situation totalement nouvelle. Il n'est pas si facile de travailler depuis la maison, loin du front et des athlètes. C'est tout un processus qu'il faut apprendre. On a besoin de temps pour se sentir à l'aise avec le télétravail.
As-tu reçu beaucoup de demandes de la part de sportifs d'élite qui voulaient savoir comment continuer leur entraînement à Macolin?
J'ai reçu quelques demandes mais je pense qu'elles seront plus nombreuses dans les jours à venir.
Parlons maintenant de ton travail à Macolin et de toi. Comment es-tu venu au sport dans tes jeunes années? Quel a été l'élément déclencheur?
J'ai pris goût au sport grâce au champion d'aviron schaffhousois, Heini Fischer, qui est aussi mon cousin. L'été, je travaillais chez ses parents, qui tenaient une charcuterie et un hôtel à Neuhausen am Rheinfall. Nous discutions beaucoup et j'allais le voir s'entraîner, au club d'aviron de Schaffhouse. La première fois, j'avais 13 ans; c'était en 1968. Durant ma scolarité à l'école cantonale de Sursee, j'ai passé tous mes étés chez eux. Heini m'a donné le goût de l'aviron et c'est comme ça que je me suis inscrit au club de Sursee. En 1976, quand j'ai commencé mes études à Zurich, je me suis rendu compte que je ne progresserais plus en tant que membre actif d'un petit club alors je suis devenu entraîneur.
Tu as fait des études d'enseignant de sport à l'EPF de Zurich (ndlr: dont le chef n'était autre que celui qui dirigerait plus tard l'OFSPO, Heinz Keller) puis tu as enseigné à Schaffhouse alors que tu es originaire de Sursee. Comment cela se fait-il?
Les parents d'Heini Fischer m'ont proposé d'habiter eux chez eux si je voulais étudier à Zurich. C'est donc ce que j'ai fait. Il s'est trouvé par la suite que l'école cantonale de Schaffhouse avait toutes les peines du monde à recruter un enseignant de sport. Elle a alors demandé une liste d'étudiants au secrétariat des études de sport de l'EPF puis elle a pris contact avec moi parce que j'habitais à Neuhausen am Rheinfall. C'est de cette façon qu'au printemps 1979 j'ai commencé à enseigner à deux classes parallèlement à mes études.
Ancien rameur, tu as aussi été un entraîneur à succès au sein de la Fédération suisse d'aviron en remportant avec tes juniors la première médaille d'or suisse en huit aux championnats du monde de Munich en 1994. Qu'est-ce que ces expériences t'ont apporté pour ton travail à Macolin?
Travailler avec des jeunes gens motivés, qui veulent se faire un nom dans le sport, les accompagner, les soutenir dans leur parcours, c'est sûr, ça m'a aidé pour mon travail à Macolin.
Tu as connu beaucoup de changements à Macolin. Quelles personnes ont contribué, par leurs décisions, à faire de ta carrière à Macolin une expérience aussi variée?
Sans hésiter, l'ancien directeur de l'OFSPO, Heinz Keller, que je connaissais déjà depuis mes études à Zurich. Il y a aussi eu Erich Hanselmann, qui m'a intégré au projet d'encouragement du sport d'élite de l'armée, puis Walter Mengisen, le recteur de la HEFSM, qui m'a laissé beaucoup de marge de manœuvre pour tenter de nouvelles choses.
Des conseillers fédéraux chefs du Département de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS) ont aussi joué un rôle dans ta carrière, non?
Le premier a été Adolf Ogi en 1998, qui a lancé le nouveau dispositif d'encouragement. C'est ainsi qu'en 1999 la première école de recrues pour sportifs d'élite a été lancée. Puis, en 2004, Samuel Schmid l'a développée pour en faire ce qu'elle est aujourd'hui. Elle a accueilli sa première sportive d'élite, la triathlète Annina Stämpfli, en 2006. Samuel Schmid est d'ailleurs venu la saluer en personne à Macolin. En 2010, Ueli Maurer a officialisé le statut de contractuel pour les sportifs d'élite puis a mis en œuvre, en 2014, les 100 jours de service volontaire dans le cadre des cours de répétition pour sportifs d'élite. Et enfin, récemment, Viola Amherd a doublé l'effectif de l'école de recrues pour sportifs d'élite et a décidé que l'instruction de base devait aussi être donnée à Macolin et non plus à Wangen an der Aare.
Quelles ont été tes principales tâches ces derniers temps?
Jusqu'à ces derniers jours, l'une de mes principales tâches a été de conduire les procédures de sélection des athlètes. J'étais aussi chargé des plans d'occupation des infrastructures d'entraînement pour les 18 semaines de l'école de recrues à Macolin. Je devais également planifier les interventions du personnel d'encadrement et des entraîneurs des différentes fédérations. J'organisais et je coordonnais parallèlement la formation continue pour les recrues Sport d'élite et les militaires contractuels, qui comprend une formation aux médias, des conseils en planification de carrière, des cours d'anglais, des notions de récupération et bien d'autres choses encore.
Que t'a apporté sur le plan personnel le fait de côtoyer des athlètes et des entraîneurs?
C'était incroyablement passionnant d'accompagner les jeunes dans leur parcours et de les voir évoluer sur les plans sportif et personnel. J'ai pu nouer des relations et des contacts très particuliers avec les athlètes, que je voyais au petit-déjeuner, au souper mais aussi au bar pour un café. J'ai toujours eu des discussions intéressantes avec eux.
Que penses-tu de l'évolution actuelle que connaît l'encouragement du sport d'élite dans l'armée avec des effectifs de sportifs d'élite doublés à l'école de recrues? Cette mesure est-elle suffisante à long terme ou bien faut-il en faire plus?
Bien sûr, c'est une bonne chose que l'école de recrues pour sportifs d'élite puisse se développer de cette manière. La qualité doit toutefois rester une priorité. Ce qui serait génial, c'est qu'à moyen terme, on puisse engager plus de militaires contractuels sportifs d'élite, plus que les 18 actuels.
Tu étais quasiment 24 h sur 24 au service du sport et de ses acteurs. Est-ce que cela ne va pas te manquer?
Si, bien sûr, mais je dois passer à autre chose, m'accorder plus de temps. Les contacts avec les athlètes vont me manquer certainement.
Tu as toujours vécu pour le sport. Quels loisirs as-tu réussi à t'octroyer durant toutes ces années?
Je n'ai quasiment jamais manqué un entraînement à la salle de musculation le matin. Et le vendredi soir, je continue à ramer au club de Sursee. Retrouver les copains là-bas a toujours été important pour moi et cela le restera.
Maintenant est venu le moment de prendre ta retraite. On a du mal à s'imaginer qu'entre deux entraînements d'aviron tu restes tranquille chez toi dans un fauteuil. As-tu des projets qui te tiennent à cœur?
Je vais continuer à me consacrer à la planification globale et à long terme de la carrière de jeunes athlètes et aussi accompagner des sportifs plus âgés dans la planification de leur reconversion professionnelle, le tout dans le domaine de l'aviron.
Franz, merci pour cet entretien et tout de bon pour la suite!
Haute école fédérale de sport de Macolin HEFSM
Hauptstrasse 247
2532 Macolin

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